Aujourd’hui, le 24 novembre, devant l’ambassade du Niger et devant la Commission Européenne, des associations de réfugiés berlinoises ont protesté contre la politique migratoire de l’UE en Afrique. Ces actions prennent place dans le contexte du sommet de l’UA et de l’UE qui se tiendra la semaine prochaine à Abidjan. Les manifestants se sont opposés au projet de Macron de créer des ‹ hotspots › au Niger et au Tchad et aux relations commerciales inéquitables.
Environ 50 manifestants se sont réunis devant l’ambassade de Niger et devant la Maison de l’Europe, siège de la Commission Européenne à Berlin, pour condamner la politique migratoire de l’UE. Selon leur porte-parole, la politique de l’UE vis-à-vis des États africains se serait infléchie depuis 2015 : il s’agirait maintenant d’empêcher par tous les moyens l’arrivée des migrants sur le sol européen. Le renforcement de la forteresse Europe est légitimé au moyen de scénarios alarmistes – le président des services secrets allemands a récemment parlé d ›un milliard de réfugiés aux portes de l’Europe – qui justifieraient l’externalisation des frontières à l’intérieur des États africains.
En juillet, le président Macron a relancé la vieille idée des ‹ hotspots › : il s’agirait d’intercepter les migrants avant leur traversée du Sahara à l’aide d’unités militaires entraînées par l’UE, puis de les interner dans des camps de rétention. Le Tchad et le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, ont été choisi pour implanter ces ‹ hotspots ›. Seule une minorité de réfugiés pourra y déposer une demande d’asile, tandis que la majorité sera refoulée dans leur pays d’origine. « Nous craignons des déportations et des détentions dans des conditions inhumaines, ce sera un désastre humanitaire à grand échelle », a expliqué Winson Chancelier, porte-parole de l’association de réfugiés ‹ Corasol › qui comprend aussi des défenseurs des droits de l’Homme originaires du Niger.
Selon M. Chancelier, le Niger ne serait pas le seul concerné, toute l’Afrique serait dans le viseur de l‘UE. Il s’agirait pour elle de combattre les migrations à la source. Concrètement, cela induit de bloquer la libre circulation en Afrique. Kay Wendel, porte-parole de l’Association contre le régime frontalier européen, a critiqué la politique économique de l’UE en Afrique. « Officiellement, l’UE veut créer des emplois afin de ‹ combattre les migrations à la source ›. Derrière ces programmes d’investissement, nous devinons des intérêts économiques bien connus. Nous assistons à une nouvelle ruée vers les ressources de l’Afrique, en concurrence avec la Chine et les USA. » Wendel poursuit : « C’est avec ces objectifs que l’UE se rend au sommet UA-UE à Abidjan. Nous protestons aussi contre cette politique d’exploitation. »
Les manifestants se sont vivement indignés face aux déclarations bien pensantes de l’UE qui, suite à la découverte des marchés d’esclaves en Libye, a dit vouloir durcir la répression des passeurs. Un intervenant a déclaré que l’UE est complice de ce commerce d’esclaves, l’UE ayant équipé et entraîné les gardes-côtes libyens qui ont intercepté des centaines de migrants pour les renvoyer en Libye. Ce qui entraîne une augmentation considérable du nombre de migrants en Libye.
« Et la Libye, c’est l’enfer. Des milliers de personnes sont torturées, violées et meurent de faim dans les camps. Voilà qu’elles sont vendues aux enchères comme du bétail et contraintes à l’esclavage. Ce sont des crimes contre l’humanité. L’UE est responsable de ces refoulements vers l’enfer »,
poursuit l’intervenant.
Les manifestations ont été organisées par les associations des réfugiés Corasol, Association contre le régime frontalier européen et borderline-europe.